La situation en Cote d'Ivoire: Néocolonialisme ou recherche réelle de l'alternance??
Alors que l'hypothèse d'une imminente attaque s'avère sérieuse, je nous propose au travers de ce blog d'essayer de réflechir un tout petit peu de ce qu'a été en réalité le processus électoral dans le pays d'Houphouet. Je ne suis pas Ivoirien, mais Africain et à ce titre; la situation qui se déroule actuellement dans ce pays peu avoir de sérieuses répercussions sur la stabilité géopolitique non pas seulement de l'Afrique de l'Ouest en particulier mais de l'Afrique en général.
L'année prochaine va être marquée par plusieurs élections dites pluralistes en Afrique, dont celles qui vont se dérouler en RD CONGO mon pays d'origine et qu'on le veuille ou non, l'issue de la crise post-électorale ivoirienne va fortement influencer la donne.
En parcourant le Net et les différents journaux sur qui traitent du sujet, il m'a semblé judicieux de partager et retracer quelque peu de manière claire le fruit de mes recherches sur la situation, et si l'on croit à l’association Survie, qui rappelle que la
France porte une grande responsabilité dans la crise qui secoue la Côte
d’Ivoire depuis 8 ans. Malgré ce que prétendent l’ONU et les puissances
occidentales, les conditions n’étaient pas réunies pour éviter une
large fraude, particulièrement au Nord du pays. La seule issue semble
désormais l’apaisement entre les deux camps et non l’affirmation de la
victoire de l’un sur l’autre. La France doit procéder au retrait de son
opération militaire au profit de troupes internationales sous
commandement onusien.
Pour la première fois de leur histoire, les citoyens ivoiriens ont voté dans une élection présidentielle véritablement pluraliste et ouverte. Malgré des conditions extrêmement défavorables, la participation fût massive. Mais depuis trois semaines, la Côte d’Ivoire est séquestrée par « deux présidents ». Tandis que l’un, Laurent Gbagbo, se crispe sur son pouvoir, la « Communauté internationale » est en passe d’imposer l’autre, Alassane Ouattara, aux Ivoiriens.
Pour cerner l’immense responsabilité de la diplomatie française dans l’impasse que vit actuellement la Côte d’Ivoire, il est nécessaire de poser quelques jalons historiques.
À l’automne 2002, l’Élysée refuse l’application des accords de défense à une Côte d’Ivoire en proie à une rébellion armée approvisionnée par un pays voisin. Au contraire, un cessez-le-feu est imposé, entérinant la partition du pays.
En janvier 2003, lors des accords de Marcoussis, la diplomatie française impose l’entrée des rebelles dans le gouvernement ivoirien. À Abidjan, des manifestants refusent que les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur soient confiés aux rebelles, comme le prévoyait l’exécutif français.
En novembre 2004, un engrenage tourne au drame. Au cours d’une offensive aérienne de l’armée ivoirienne sur les zones rebelles, neuf soldats français de l’opération Licorne et un civil américain trouvent la mort. Craignant un putsch orchestré par l’armée française après qu’elle a détruit l’aviation militaire ivoirienne, des manifestants envahissent certains quartiers d’Abidjan. L’armée française tire sur des manifestants, faisant plus de soixante morts.
Les accords de Pretoria d’avril 2005 calquent la structure de la Commission Électorale Indépendante (CEI) sur le plan de table des négociations de Marcoussis, aboutissant à une surreprésentation des rebelles, assurant aux partis d’opposition une large majorité . Dans la foulée, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) est créé à Paris, réconciliant deux anciens ennemis , Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, autour d’un accord électoral destiné à assurer la victoire de l’un des deux sur Laurent Gbagbo. L’Union Européenne impulse, à travers les Nations Unies, un Programme d’Appui aux Processus Électoraux dont la CEI est le principal bénéficiaire. Le descriptif de ce programme laissait déjà augurer un passage en force :
« Pour les prochaines échéances électorales, il est à prévoir que le problème de confiance se posera avec une acuité encore plus grande et exigera le recours à des pouvoirs décisionnels exceptionnels pour contrecarrer l’incapacité d’atteindre des consensus politiques en temps utile. »
Début 2007, depuis Ouagadougou, Michel de Bonnecorse, chef de la cellule africaine de l’Élysée sous Jacques Chirac, annonce que la fin de la rébellion n’est pas un préalable aux élections . Quelques semaines plus tard, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, leader de la rébellion, et Blaise Compaoré, président du Burkina, signent les accords de Ouagadougou : Guillaume Soro devient premier ministre. Fin 2007, un accord complémentaire a pour unique objet de confier à la société française Sagem Sécurité le volet technique de l’élaboration des listes électorales .
Ce 2 décembre 2010, le Conseil Constitutionnel ivoirien, essentiellement favorable à Laurent Gbagbo, constate l’expiration du délai imparti à la CEI pour annoncer les résultats provisoires. En effet, la CEI a échoué à trouver un consensus sur l’ampleur d’irrégularités dans le scrutin. Le président de la CEI Youssouf Bakayoko se rend alors au Golf Hôtel, où se trouvent déjà Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Guillaume Soro, le représentant du secrétaire général de l’ONU et les ambassadeurs français et américain. Ces derniers lui promettent protection jusqu’à l’aéroport, en échange de la proclamation de résultats. Bakayoko annonce la victoire de Alassane Ouattara devant les caméras occidentales. Le lendemain, le Conseil Constitutionnel annonce l’invalidation du scrutin dans sept départements de la zone contrôlée par les rebelles et la victoire de Laurent Gbagbo.
Prétendre organiser une élection satisfaisante sans mettre fin à la partition du pays.
Croire que l’élection présidentielle sortirait la Côte d’Ivoire de la crise était un leurre. Aucun des candidats du second tour ne sera capable à lui seul de guérir la société ivoirienne de ses plaies. Ni Alassane Ouattara, l’économiste libéral qui a fait carrière dans les grandes institutions financières internationales, l’adepte des privatisations, des coupes dans les budgets sociaux et autres plans d’ajustement structurel, l’ami très apprécié de l’Élysée. Ni Laurent Gbagbo, le socialiste devenu rapidement allié des grands groupes français, le nationaliste souvent - et sans doute volontairement - ambigu.
Il est urgent que les initiatives d’apaisement soient privilégiées . Si la « communauté internationale » a une once de bon sens, c’est dans cette voie qu’elle doit pousser les acteurs de cette crise et non dans le refus de voir la réalité et dans l’illusion qu’on peut imposer une solution de force à un pays divisé. Le risque est de plonger la Côte d’Ivoire dans la violence.
Nous demandons que tout soit fait, à commencer par le retrait de l’opération Licorne au profit d’un renforcement de l’ONUCI, pour la réconciliation des Ivoiriens et non pour assurer la victoire d’un camp. Par le jeu des alliances politiques, le Président et trois des Vice-Président de la CEI sont favorables à Alassane Ouattara. Le quatrième Vice-Président est favorable à Laurent Gbagbo.
Voilà quelque peu la situation comme elle se présente, et vous qui nous lisez en ce moment, que pensez-vous de cette situation? Pensez vous qu'une intervention militaire serait une solution? Que chercher réellement à faire passer comme message au Président Gbagbo? Que veut le président élu par la communauté internationale Ouatarra? Que préconisez-vous pour le déblocage de cette crise?
Proposé par Ir. Msc. Edouard Patrick MIBEYA